Un regain de volatilité après un automne euphorique
Le Bitcoin a vécu, au cours des deux dernières semaines, l’une de ses phases les plus agitées depuis le début de l’année.
Après avoir inscrit un sommet historique à 126 000 USD début octobre, la principale cryptomonnaie du marché a brutalement décroché, effaçant près de 20 % de sa valeur en quinze jours.
Cette correction, largement anticipée par une partie des analystes, s’explique par une combinaison de facteurs macroéconomiques et techniques.
Le marché, jusque-là euphorique, a été rattrapé par une réalité plus rigoureuse : celle d’une Réserve fédérale américaine (Fed) toujours prudente, d’un dollar en regain de vigueur et d’une contraction temporaire de la liquidité mondiale.
« Le marché s’était habitué à un environnement où la baisse des taux semblait acquise. Le ton plus restrictif de la Fed a suffi à refroidir les anticipations », explique un analyste devises de Goldman Sachs.
Le rôle central de la Fed et la mécanique des liquidations
Le déclic de la baisse remonte à la publication, le 29 octobre, de la FED, dans lesquelles Jerome Powell insistait sur la nécessité de “rester vigilant face à l’inflation sous-jacente”.
Cette prudence a été interprétée comme un signe qu’aucune baisse de taux n’était garantie avant le premier trimestre 2026.
Le dollar s’est renforcé, poussant mécaniquement les investisseurs à réduire leur exposition aux actifs risqués, dont le Bitcoin.
Sur les plateformes dérivées, cette volte-face a déclenché un effet domino : plus de 19 milliards de dollars de positions longues ont été liquidées en quelques jours, selon les données de CoinGlass.
Les ordres stop-loss se sont enclenchés en cascade, accélérant la chute du cours jusqu’à un point bas proche des 100 000 USD.
Les signaux techniques confirment la fragilité du marché
Sur le plan graphique, plusieurs éléments techniques ont renforcé la correction.
Le franchissement à la baisse du seuil symbolique des 100 000 USD – un niveau psychologique et un support majeur depuis août – a ravivé la nervosité.
Sous ce niveau, les analystes repèrent désormais une zone de soutien autour de 92 000 USD, correspondant à un “CME gap” resté ouvert sur les contrats à terme de Chicago et au coût moyen de production estimé des mineurs institutionnels.
« Tant que le marché n’arrive pas à reconquérir la zone des 107 000 – 110 000 USD, la dynamique reste neutre à baissière », indique l’équipe technique de Capriole Investments.
À l’inverse, la résistance clé demeure située entre 120 000 et 126 000 USD, zone des derniers plus hauts historiques.
Une clôture hebdomadaire au-dessus de cette bande confirmerait une reprise du momentum haussier.
Des investisseurs institutionnels en retrait
Les flux entrants dans les produits d’investissement crypto – en particulier les ETF adossés au Bitcoin – ont ralenti ces deux dernières semaines, selon les données de CoinShares.
Les grands fonds, qui avaient alimenté la phase haussière du printemps, semblent désormais adopter une attitude d’attente face à l’incertitude monétaire américaine.
Parallèlement, le marché des actions a lui aussi connu une phase de consolidation : les résultats mitigés du CAC 40 et la prudence affichée par Wall Street ont réduit l’appétit pour le risque.
Les corrélations croisées entre Bitcoin et les indices Nasdaq 100 ou S&P 500, de nouveau positives depuis octobre, témoignent de cette interdépendance croissante entre cryptomonnaies et actifs traditionnels.
Perspectives : entre consolidation et catalyseurs à venir
Les scénarios à court terme demeurent partagés entre prudence et espoir.
Scénario haussier : un retour de la liquidité
Si la Fed venait à confirmer une baisse de taux avant le printemps 2026, le marché pourrait retrouver un flux d’achats institutionnels.
L’arrivée de nouveaux produits dérivés régulés en Asie ou une adoption accrue des ETF Bitcoin spot dans les portefeuilles de fonds de pension américains pourraient raviver l’intérêt haussier.
Dans ce cas, la reconquête du seuil des 110 000 USD serait envisageable à court terme.
Scénario neutre : l’attente prolongée
En l’absence d’événement majeur, Bitcoin pourrait évoluer dans un range compris entre 95 000 et 110 000 USD, zone d’équilibre entre les acheteurs opportunistes et les vendeurs prudents.
Cette phase latérale permettrait au marché de “digérer” les excès de levier accumulés depuis l’été.
Scénario baissier : la reprise du risque macro
Une nouvelle hausse du dollar, un regain d’inflation ou un durcissement réglementaire dans l’Union européenne pourraient prolonger la correction.
Sous les 100 000 USD, les regards se tournent vers 92 000 USD, niveau de support majeur où se concentrent de nombreux ordres d’achat institutionnels.
Un marché à la croisée des chemins
Malgré cette période de repli, le sentiment général n’est pas celui d’un marché en crise, mais plutôt celui d’une pause technique après un cycle haussier exceptionnel.
L’écosystème crypto continue de se structurer : les infrastructures sont plus solides, les acteurs mieux régulés, et la participation institutionnelle durable.
« Ce genre de respiration est sain ; il élimine les excès de levier et redonne de la profondeur au marché », estime un analyste d’ARK Invest.
À moyen terme, la trajectoire de Bitcoin dépendra de trois variables : la politique monétaire américaine, la réglementation internationale et la confiance des investisseurs professionnels.
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